Bretagne

Franc-maçonnerie, pièces « men only »… J’ai visité le manoir des bigoudènes de la pub Tipiak

« Vous reconnaissez cette cuisine ? C’est celle des Bigoudènes dans la pub « Tipiak » ! » Le guide du manoir de Kerazan (à Loctudy, dans le Finistère) sourit, content de son effet. Moi, j’écarquille les yeux. De vieux murs en pierre, une grande cheminée décorée d’ustensiles de cuisine… Il ne manque plus que trois femmes à l’air fâché criant « Pirates ! » et c’est vrai qu’on y est complètement !

La première fois que « Tipiak » est venue poser ses caméras ici pour avoir un « décor typique », c’était en septembre 1992. Depuis, la marque est revenue plusieurs fois. Alors, deux ans après le décès de l’une des trois bigoudènes, Marie-Louise Lopéré, ça fait forcément un peu quelque chose de se trouver là, à quelques centimètres de (fausses) bigoudènes.

Mais, si ce manoir du 16e siècle, aujourd’hui propriété de l’Institut de France, est connu dans le coin, c’est aussi pour ses autres pièces dont on a conservé l’ambiance 19e siècle-début 20e.

Sur le site Internet de Kerazan, on peut visiter comme si on y était le grand salon et son lustre monumental, la salle à manger et ses panneaux de bois à décor floral… Mais également la salle de billard et le fumoir, pièces qui étaient réservées aux hommes, et qui avaient comme décos des tableaux de petites nanas ayant visiblement des soucis pour se couvrir la poitrine.

Le dernier mâle des lieux, c’était lui : Joseph-Georges Astor, un type qui ressemblait à un lord anglais (il faut voir son portrait devant la bibliothèque), et qui était clairement anticlérical et franc-maçon.

Dont des détails amusants dans le manoir. Il y a par exemple ce rat en costume ecclésiastique. Ou alors ce tableau où Dieu, créant Adam, a un mystérieux (et pas très catholique) triangle autour de la tête…

Le manoir de Kerazan est ouvert à la visite l’été. Mais, si vous voulez y organiser votre mariage, ou y tourner un film, c’est possible aussi. Renseignements : kerazan.fr

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Bretagne

En Bretagne, où trouver les bains d’une reine ?

C’est un tas de cailloux assez impressionnant…et qui a une sacrée importance historique. À Guémené-sur-Scorff (dans le Nord du Morbihan, en Bretagne), vous pouvez trouver ce qu’on appelle les Bains de la reine, un sauna datant…de 1380 !

Gratuitement, le visiteur peut longer ce monticule de pierres et même aller à l’intérieur. Là, dans cette chambre d’étuve décorée par des têtes d’hommes et d’animaux, deux bancs accueillaient les « baigneurs », qui suaient grâce à un système de chauffage par le sol nommé hypocauste.

Une construction très rare

Pour faire simple : on allumait un feu dans une cheminée, feu dont la chaleur était acheminée par des conduits vers la pièce d’étuve. Où les « baigneurs » avaient des lavabos : il leur suffisait de mettre de l’eau de ces lavabos sur le sol pour produire de la vapeur (un vrai sauna, je vous dis).

Ce qui reste des bains aujourd’hui. On suppose qu’il y avait une autre pièce, où l’on pouvait réellement se baigner dans de l’eau.

Une construction très rare (il n’y en aurait que trois en France) « qui témoigne de la modernité du château et de la volonté de jouir d’un certain confort« , explique l’office de tourisme dans ses brochures.

Une reine pas vraiment reine

Et la reine là-dedans, elle est où ? Il s’agirait de la fameuse Jeanne de Navarre, mariée au seigneur du coin, Jean Ier de Rohan.

Merci à mon partner in crime pour cette vue à 360° 😉

« Elle-même n’était pas reine, mais beaucoup de membres de son entourage étaient liés à la royauté, nous explique la guide. Ses grands-parents descendaient tous les quatre d’Aliénor d’Aquitaine, elle était petite-fille du roi de France Louis X le Hutin… »

Une histoire rocambolesque

Debout dans l’étuve, je me sens un peu émue en pensant à mes ancêtres en train de discuter tranquillement dans cette pièce en suant. Surtout que la construction a failli ne pas atteindre notre époque : en 1929, la mairie veut construire des lotissements là où se trouvait le château des Rohan-Guémené, et vend Les bains de la reine à un antiquaire de Vitré (Ille-et-Vilaine).

Un certain Monseigneur de Villeneuve, passionné d’histoire et d’archéologie, a la bonne idée d’effectuer un croquis et un numérotage des pierres (toujours visible aujourd’hui) avant le démontage de ces dernières.

Un aperçu de l’intérieur. Merci Monseigneur pour la numérotation !

En 1974, l’antiquaire meurt, et les Bains sont démontés et entreposés dans un local municipal de Vitré. Ils tombent dans l’oubli, jusqu’en 1999, où une habitante de Guémené-sur-Scorff, Eugénie Gourlet, apprend l’abandon de ces vieilles pierres. Elle prévient la mairie, qui va alors faire des pieds et des mains pour ramener à la maison le trésor.

Il faudra attendre 2008 pour que les Bains de la reine soient remontés (grâce à la numérotation de Monseigneur de Villeneuve) dans un ancien garage automobile, place du Château. Où, en 2021, ils sont toujours visibles. Ouf.

Des conseils beauté…étranges

Tant que vous êtes sur place, n’hésitez pas à jeter un oeil à l’espace consacré aux « secrets de beauté » du Moyen Âge, ça vaut son pesant de cacahuètes.

J’ai ainsi appris que la technique la plus efficace à l’époque pour éclaircir les cheveux bruns « était sans doute l’utilisation de l’urine », que pour avoir les cheveux noirs il vous fallait tuer un lézard et le faire cuire dans de l’huile avant de mettre cette huile sur votre tête. Et que, contre l’apparition de poils à la puberté, certains « spécialistes » conseillaient de « frictionner la région avec du sang de chauve-souris« . Tout un programme.

Les Bains de la reine, place du château à Guémené-sur-Scorff. Entrée gratuite. Renseignements : lesbainsdelareine.com

Pays de la Loire

Mayenne. Trois lieux insolites que j’ai découverts grâce aux confinements

Parce que avoir une barrière de 1 km/10 km/(rayer la mention inutile) oblige à découvrir des choses près de chez toi, j’ai beaucoup visité la Mayenne ces derniers temps. Et j’y ai fait de chouettes découvertes.

Des lieux de pèlerinage abandonnés

Je vous avais déjà parlé de cette grotte à Saint-Jean-sur-Mayenne, qui faisait, autrefois, l’objet d’un pèlerinage. Eh bien, figurez-vous que j’y suis entrée !

Effectivement, statues et autres ex-voto ont complètement disparu. Par contre, de beaux (sic) tags sont apparus sur les murs. En termes de peintures rupestres, on préférera quand même celles des grottes de Saulges, à quelques kilomètres de là…

Mais qu’a bien voulu dire l’homme préhistorique qui a réalisé ce dessin ?

Par contre, l’ancien lieu de pèlerinage que j’ai découvert ces dernières semaines, c’est la grotte du petit saint Berthevin à…Saint-Berthevin, au bois de Coupeau. Un lieu où l’on aurait déposé le corps sans vie du fameux saint assassiné (sympa) avant qu’il ne soit ramené en Normandie.

Une vue du site de Coupeau, à Saint-Berthevin

Là aussi, tout a été déserté : ne reste plus qu’une sorte d’autel derrière des grilles, accessible via un escalier assez casse-gueule quand il pleut.

Mais reste un site vraiment sympa, entre forêt et rivière, où l’on peut se promener au calme et avoir de très belles vues.

Une tiny-house au milieu des chevaux

On peut partir dans les 10 km autour de chez soi ? Ça tombe bien, la commune d’Andouillé fait partie de mon périmètre ! Un village au drôle de nom qui abrite un centre équestre, Le Roc au loup. Où l’on peut monter sur des chevaux Camargue…ou les admirer depuis une tiny house posée au milieu de leurs prés.

La tiny house du Roc au loup

Et, autant le dire tout de suite : c’est vraiment très bien. Déjà, parce qu’il y a des fenêtres partout (quand il fait froid) et une terrasse (quand il fait chaud) avec vue sur les galops des chevaux.

La terrasse
La mezzanine donnant sur les chevaux

Mais pas que : en un week-end passé là-bas, j’ai vu un lièvre, une famille de ragondins, des chevreuils… Et tout ça en lisant tranquillement sur la mezzanine. Assurément mon meilleur souvenir de ce 3e confinement.

Plus de photos et d’infos là : https://www.mayenne-tourisme.com/offres/la-tiny-house-le-roc-au-loup-andouille-fr-2957335/

Faire une balade dans des fossés

En termes de promenades, il y a de quoi faire en Mayenne : forêts, étangs… Mais une balade dans les fossés, ça, on ne me l’avait jamais faite !

Un bout du circuit de la vallée de la Morinière

Rendez-vous dans la vallée de la Morinière pour ça (entre Changé et Saint-Germain-le-Fouilloux). À première vue, le chemin est ordinaire (mais très beau) : passage dans les forêts, à côté de la rivière, d’une mare…

Et puis, à la fin, voilà pas que le circuit nous emmène DANS les fossés au bord de la route. Attention aux chaussures car, malgré les petits ponts de bois mis en place, ça peut être assez boueux. Mais ça reste très rigolo et assez insolite à tester.

Un bout du chemin dans les fossés

Plan du circuit sur le site de Mayenne nature environnement : https://www.mayennenatureenvironnement.fr/images/stories/NOS_ACTIONS/Chang%C3%A9/Brochure_La_Vall%C3%A9e_de_la_Morini%C3%A8re.pdf

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J’ai visité la plus grande horloge à coucou du monde

On est là, serrés près d’un petit pont, à attendre. Les voitures passent derrière nous. Les hommes s’impatientent.

Et puis soudain, un « ha ! » On lève la tête : les volets de la petite maison viennent de s’ouvrir. En sort un long oiseau qui ouvre son bec. Et prononce très lentement : « Cou-cou. »

La petite maison à colombages qui nous fait face, avec ses géraniums aux fenêtres, son oiseau, son immense horloge et son balancier, est loin d’être n’importe quelle maison de la pette bourgade de Triberg, en Forêt-Noire (Allemagne) : c’est « la plus grande horloge à coucou du monde », clament ses propriétaires, revendiquant même une inscription au Guinness Book of Records en 1997.

Difficile à vérifier sans mettre la main sur le bouquin. Mais c’est vrai que les dimensions de la petite bâtisse ont de quoi faire rougir le petit coucou de notre mamie : la pendule fait 8 mètres de haut, son mécanisme 4,50 x 4,50 m pour un poids de 6 tonnes. Quant au fameux coucou, il mesure 4,50 m de long et pèse 150 kg.

Un petit délire qui aura quand même mis 5 ans à aboutir. Une pièce de 2 € permet de voir l’intérieur de la bête et ses énormes rouages. Il y a même un (faux) marchand de coucous qui vous raconte l’histoire de cette épopée si vous lui donnez de la thune.

L’impressionnant mécanisme de l’horloge à coucous (non, le Monsieur à droite ne veut pas aspirer votre âme, il veut juste vous raconter une histoire).

Mais pourquoi les maîtres-horlogers Ewald et Ralf Eble se sont-ils lancés dans cette construction en 1990, en copiant une horloge à coucou de même pas 8 cm ? La réponse se trouve peut-être à la sortie de la petite visite, quand on est forcés de sortir par l’immense boutique.

Car, dans ce « Uhren-Park », on veut surtout vous attirer pour vous vendre des horloges à coucous. Des tas d’horloges à coucous. Des petites, des grandes, des à magnet pour mettre sur son frigo, etc.

Horloges à coucou everywhere.

Le coucou : un concept qui serait né ici, dans la ville voisine de Triberg, Schönwald-im-Schwarzwald, au XVIIIe siècle. Et qui continue de faire la joie des commerçants de ces communes : à Triberg, on trouve même une « Maison aux 1 000 coucous ».

Si vous en avez marre des horloges, Triberg possède aussi un très chouette chemin aux cascades. Payant, toujours. Mais, au moins là, les chants d’oiseaux que vous entendrez ne seront pas faux.

Eble Uhren-Park, à Triberg, dans la Forêt-Noire (Allemagne).

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En 2021, ça va être bien

Ah, on l’a tous maudite. On aurait aimé l’étrangler, la déchirer en petits morceaux, la brûler. Mais l’année 2020 a résisté jusqu’au bout. Et elle nous a bien eu.

On a bien essayé de se moquer d’elle et de son coronavirus (par exemple en faisant un top 10 des destinations paradisiaques où on ne pouvait pas mettre les pieds à cause du covid-19)(ou en subtilisant des pièces de la maison à des lieux exotiques), elle nous a quand même fait souffrir, nous et nos proches, elle a quand même broyé, même, elle a parfois tué.

Le rouleau de papier toilette : THE objet de 2020.

Mais, avouons-le : on a bien riposté. On s’est serré les coudes, on a applaudi ensemble, et, on a même fait quelques découvertes, tiens.

La Mayenne, ses cités de caractère et ses vaches croyantes

Moi, par exemple, avec l’obligation de ne pas sortir de son département, j’en ai profité pour visiter la Mayenne : ses petites cités de caractère, ses animaux aux lèvres douces, ses vaches très croyantes, ses lieux de pèlerinage abandonnés

Ma fresque préférée de 2020, anti-pipelettes.

Eh, franchement, c’était pas mal du tout. Ça a même intrigué le journal Le Courrier de la Mayenne (papa et maman sont encore très fiers).

Antennes-râteaux et petits Lu

Pour les vacances, je ne suis pas allée bien loin non plus. Mais, là aussi, j’ai eu d’agréables surprises et j’ai découvert plein de choses : le musée du pâté Hénaff, l’endroit parfait pour devenir fou

L’île de Sein, mon plus bel endroit découvert en 2020 ?

Avant de conclure l’année en m’intéressant à de sacrés hurluberlus : un moine qui aimait dormir nu avec les femmes (et qui a construit une cité monastique incroyable), un paysan breton qui avait prédit l’antenne-râteau ou un vitrailliste de génie qui a, entre autres, insulté les Boches et dessiné des biscuits Lu aux pieds de ses Christ.

Haut les coeurs !

Alors, effectivement, on ne sait pas encore de quoi sera fait 2021. Mais, comme on l’a vu, l’aventure est au coin de la rue. Et elle peut compter sur nous pour cette année. Masqués, avec des attestations en poche ou un kilométrage limité, on sera toujours là pour fouiner, s’étonner et admirer.

C’est sûr : en 2021, ça va être bien. Bonne année à tous !

Image de présentation : puisse 2021 être aussi douce que ce Christ aux petits Lu fait par le vitrailliste Auguste Alleaume ! Crédit photo : Bruno Rousseau © Conservation départementale du patrimoine – Département de Maine-et-Loire