Ici, tout respire l’absence. La grotte, protégée par une grille verte à moitié rouillée, est vide et humide. Une espèce de borne, engourdie par la mousse, patiente devant. Tandis que, sur le fronton, il y a des cavités, des grandes cavités qu’on a aménagées à la main avec de grosses pierres, qui ont été désertées.
Difficile d’imaginer, qu’autrefois, de grandes cérémonies religieuses rassemblant 500 personnes se tenaient ici, dans les bois de Saint-Jean-sur-Mayenne (commune située près de Laval, en Mayenne).

Et pourtant : dans cette clairière, située sous la chapelle Saint-Trèche, il y a eu de l’espoir, de la peur, de la ferveur… Et aujourd’hui, il n’y a plus rien.

Le site commence à être aménagé vers 1890. Petit à petit, on nettoie la grotte, y dresse un petit autel et on trace des sentiers. Tiens : et si on faisait de l’endroit une reproduction un Lourdes bis ? Les habitants sont enthousiastes. On place des statues à l’intérieur de la grotte et, au-dessus, on fixe une représentation de la basilique de Lourdes, ainsi qu’une croix.

Le charme opère : des pèlerins de retour de Pontmain (grand lieu de pèlerinage en Mayenne) viennent se recueillir, de multiples ex-voto sont accrochés dans la grotte. « À la mi-août, au crépuscule, tout le site est illuminé et environ 500 personnes prennent part à une procession chantée », indique un panneau explicatif sur les lieux.

Pendant la guerre 14-18, de nombreux messes et offices religieux y sont célébrés. Les familles des soldats morts pour la France apposent des ex-voto sur les parois. En si grand nombre qu’on décide de les transférer dans la chapelle juste au-dessus, qui deviendra lieu de mémoire de la Première Guerre mondiale.

Et après, que se passe-t-il ? Le panneau explicatif est laconique : « Au fil des années, cette grotte est progressivement abandonnée. »
Ironie de l’histoire, elle se trouve sur un site d’un autre lieu important abandonné : un monastère, construit en 710 et abandonné au Xe siècle. Aujourd’hui, il n’en reste qu’un mur long d’une douzaine de mètres.