Bretagne

Le jour où j’ai découvert les Johnnies (non, c’est pas les potes à Johnny, quel dommage)

Amis lecteurs, je ne m’y fais toujours pas. Ça fait PRESQUE deux ans. Et je peine pourtant à accepter la dure réalité : Johnny Hallyday est mort. Notre Johnny.

Impossible. Pas croyable.

C’est pour ça que, quand j’ai entendu pour la première fois parler des Johnnies, je me suis dit : c’est ptêt bien des fans. Des gens comme moi, qui ont pas fait leur deuil. Eh bah… pas du tout. Ces Johnnies là sentaient l’oignon. Et non, c’est pas une insulte.

Où l’on apprend que Roscoff, c’est pas mal

On rembobine. L’histoire a commencé en 1828 à Roscoff. Roscoff, c’est cette petite ville sur une pointe du Nord du Finistère (Bretagne). Avec son nom dur et grognon, j’avais imaginé une bourgade sèche, froide, industrielle. Eh bah… pas du tout bis. C’est mignon, doré par le soleil, noyé sous le ciel, avec cette longue jetée qui semble vouloir traverser toute la mer et qu’on appelle estacade.

On s’y presse l’été pour manger des moules et d’autres trucs bizarres avec des yeux globuleux et des pinces, et on a fait sculpter deux canons sur son église qui pointent sur l’Angleterre (anecdote complètement inutile dans ce paragraphe, je vous l’accorde, mais que j’aime beaucoup).

C’est l’histoire d’un petit Monsieur…

Bref, à Roscoff, en 1828, un petit Monsieur décide de faire un truc fou. Il s’appelle Henri Ollivier, il est cultivateur, et, ce matin-là, avec des amis, il fout un bateau à l’eau…rempli d’oignons. Son objectif est tout simple : vendre sa cargaison aux voisins de l’autre côté, les Anglais.

Une idée qui ne tomba pas dans l’oreille d’un aveugle (?). Ce fut le début des Johnnies, le nom qu’on attribua à ces vendeurs bretons d’oignons qui se mirent à écumer le Royaume-Uni pour faire du porte à porte.

Un vélo d’époque d’un Johnny sillonnant le Royaume-Uni.

Mais pourquoi Johnnies ? « Peut-être parce que beaucoup de Bretons s’appelaient Yann, Jean en français et John en anglais, tente-t-on de nous expliquer à la Maison des Johnnies et de l’oignon de Roscoff. Ou peut-être aussi parce que le terme était péjoratif : un John, c’est un étranger. »

Mais, nous assure-t-on dans une vidéo, les Johnnies (aussi appelés « briseurs de sonnette ») finirent par être plus qu’acceptés par les Anglais. Et leurs oignons (d’abord trimballés dans une charrette, puis portés sur un bâton, avant d’être accrochés à leur vélos (ils pouvaient en porter 150 kg!!)) connus un peu partout.

Une petite bande de Johnnies (crédit photo : la Maison des Johnnies à Roscoff)

C’est à eux qu’on doit quelques clichés à la peau dure sur les Français. Comme le béret, par exemple, qu’ils portaient sans cesse. Et sans doute aussi ce fâcheux accent français quand ils parlaient dans la langue de Shakespeare.

Beaucoup de Bretons s’engagèrent dans cette aventure, qui marchait ma foi pas trop mal. Il ne fallait quand même pas trop être délicat : les Johnnies dormaient dans des conditions précaires, sur les bateaux ou dans des sortes de vieilles granges. Le réveil sonnait à 6h. Et, s’ils ne se levaient pas tout de suite, leur chef n’hésitait pas à venir piétiner leurs couvertures avec ses souliers à clous (c’est pas très sympa).

Malheureusement, toute bonne chose a une fin (sauf la saucisse, qui en a deux, oui on sait merci). Après la Seconde Guerre mondiale, le travail devint plus dur : la Grande-Bretagne durcit ses lois, les Johnnies vieillirent, la société évolua. Et on rentra au pays (OU on se trouva une petite femme anglaise, aussi).

L’oignon de Roscoff lui, demeure. Et vous penserez forcément aux Johnnies désormais quand vous les verrez (ou alors vous y penserez quand un vendeur de porte à porte chiant viendra briser votre sonnette, au choix).

Pour en savoir plus sur les Johnnies : cette vidéo de l’Ina très chouette

Pour en savoir plus sur la Maison des Johnnies : le site de la ville de Roscoff

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